Rita El Khayat est marocaine bien sûr. Mais elle est de ces personnes qui, fortes de leur culture, rencontrent de coeur et de corps les « autres », se nourissant au fur et à mesure de leurs saveurs, de leurs différences.

Psychiatre et psychanalyste, elle nous explique le recul de la psychanalyse en Occident face à la médicalisation américaine de plus en plus efficace et présente ; on n’écoute plus la personne, on le bombarde de médicaments, explique-t-elle. Ce qui ne le rend pas plus heureux pour autant !

Antropologue et historienne, elle nous entraîne dans un regard à 360° sur toute la planète : les blocs chinois et indiens, nous explique-t-elle, constituent la moitié de la population planétaire, 7 milliards depuis octobre. Pour l’instant, ils sont occupés dans la course du capitalisme. Mais que se passera-t-il lorsque ces peuples polythéistes s’imposeront dans nos sociétés monothéistes ?

L’émergence de l’Amérique latine est très intéressante pour le futur de l’humanité.
L’Afrique australe … on ne sait pas de quoi elle est capable !

Aujourd’hui, observe-t-elle, tous les pays sont capitalistes et le « Capital » est clairement un échec, on parle du « clash des civilisations ».

Elle revient au Maroc, soulignant les 70 % d’analphabètes à Casablanca. L’éducation et la santé pour tous, ce sont les prérequis à une société pour qu’elle puisse se transformer.
Il faut que tous les enfants aillent à l’école de 6 à 16 ans au moins, que le mariage soit interdit avant 18 ans. Ainsi, les jeunes arriveront à un âge de maturité ayant eu la possibilité de se révolter face aux anciens et de renouveler la vision. Si les femmes continuent à être mariées à 15 ans, il n’y a pas cette possibilité de mutation, l’histoire se répète, à l’infini.

Femme et fière de l’être, elle invite à entrer dans l’histoire du féminin et de – enfin- le laisser s’exprimer. Le féminin, ce ne sont pas les Hilary Clinton ou les Angela Merkel, ces « tueuses » plus féroces que les hommes. Non, ce sont les Elsa Fornero, cette femme ministre en Italie qui, à l’énoncé des mesures à prendre dans une Italie en faillite, a osé montrer son émotion et sa compassion. C’est l’affirmation d’arrêter tout de suite de payer et de produire des armes alors que des millions d’enfants meurent de faim.
C’est ainsi que l’histoire du féminin, venue du matriarcat il y a 30.000 ans, pourrait s’incrire dans l’histoire du monde.