[http://fr.rsf.org/honduras-un-troisieme-journaliste-assassine-16-03-2010,36714.html](http://fr.rsf.org/honduras-un-troisieme-journaliste-assassine-16-03-2010,36714.html)

La victime avait reçu des menaces préalables en raison de ses dénonciations régulières du narcotrafic sévissant dans la région Atlantique. Elle était également réputée pour critiquer certaines collusions de la police avec le crime organisé.

Arrêté en septembre 2010, Marco Joel Álvarez Barahona est le deuxième individu mis en cause dans cet assassinat à bénéficier de la clémence judiciaire dès la première audience, et sans réel examen du dossier sur le fond. Quelques jours après le placement en détention d’“el unicornio” – surnom attribué à un autre suspect dans les avis de recherche de la police -, l’entrepreneur Mario Roberto Guevara, cité dans la même affaire, était remis en liberté sur ordre des juges de La Ceiba. Ces décisions s’expliqueraient par un “manque de preuves”.

“Le doute doit certes bénéficier à l’accusé comme dans tout dossier pénal. Or, comment expliquer un tel revirement alors que le ministère public prétendait détenir des éléments de nature à confondre Marco Joel Álvarez dans l’assassinat de David Meza Montesinos ? A-t-on voulu fabriquer des coupables dans l’urgence ? Les suspects faisaient-ils craindre des révélations embarrassantes ? Ces hypothèses ne sont pas exclues tant l’impunité générale perdure dans les seize assassinats de journalistes commis depuis 2010, pour quinze d’entre eux depuis l’investiture de l’actuel gouvernement de Porfirio Lobo Sosa [http://fr.rsf.org/honduras-l-assassinat-d-un-journaliste-de-10-09-2011,40963.html](http://fr.rsf.org/honduras-l-assassinat-d-un-journaliste-de-10-09-2011,40963.html). Cette situation vaut également pour les défenseurs des droits de l’homme, victimes jusqu’à aujourd’hui de la répression consécutive au coup d’État du 28 juin 2009. Les clauses de l’accord de Cartagena [http://fr.rsf.org/honduras-inquietude-sur-l-avenir-des-07-06-2011,40407.html](http://fr.rsf.org/honduras-inquietude-sur-l-avenir-des-07-06-2011,40407.html) relatives au rétablissement de l’État de droit restent à mettre en œuvre”, a déclaré Reporters sans frontières.

Le manque de résultats dans cette enquête comme dans les autres ne saurait être compensé par la “reprise en main” annoncée de l’institution policière. Le jour même de l’acquittement d’“el unicornio”, plusieurs destitutions sont intervenues au sein de la hiérarchie de la police après l’évasion de quatre fonctionnaires mis en cause dans l’assassinat de deux étudiants. Cette mesure a été assortie du lancement de l’“Opération Éclair” (Operativo Relámpago), mobilisant police et armée contre la criminalité dans l’un des pays les plus mal notés de la planète en la matière (86 homicides en moyenne et par an pour 100 000 habitants).

“Reporters sans frontières met cependant en garde contre les plans sécuritaires d’envergure qui sacrifient très souvent les droits de l’homme au nom de la lutte, nécessaire, contre le crime organisé sans parvenir à combattre réellement celui-ci. Le déploiement militaire, toujours en cours, dans la région de l’Aguán ne consiste plus qu’en une répression systématique contre les communautés locales et les mouvements sociaux. Au Mexique, l’offensive fédérale contre le narcotrafic se solde par un bilan humain alarmant sans rien régler de la question [http://fr.rsf.org/mexique-campagne-basta-de-sangre-no-sangre-11-02-2011,39536.html](http://fr.rsf.org/mexique-campagne-basta-de-sangre-no-sangre-11-02-2011,39536.html)”, a conclu l’organisation.