Une surprise attendait les indignés qui arrivaient sur les lieux: de nombreux media étaient là ! Cependant, la raison de leur présence – même s’ils ont interviewé quelques militants anticapitalistes – était que la candidate à la présidence pour les Verts, Eva Joly, participait juste à la même heure et au même endroit, à la commémoration de l’armistice de la Première Guerre Mondiale.

Les campeurs commentaient avec une certaine amertume la façon dont ils avaient été réveillés par la charge policière, le but étant de continuer à miner le moral des Indignés. De nouveau, confiscation -les victimes parlent de vol- de tout ce qui leur permettait d’avoir un confort minimum : couvertures et plastiques pour se protéger de la pluie incessante, ustensiles de cuisine et thermos.

*Voir la vidéo de la charge policière :* [http://youtu.be/a4tFwKBZvPc](http://youtu.be/a4tFwKBZvPc)

La stratégie policière consiste à produire une démoralisation générale dans le campement alors que commence à se mettre en marche un fonctionnement très similaire à celui de la  Plaza del Sol  à Madrid et de la Plaza Catalunya à Barcelone. Une cuisine communautaire, des commissions Respect et Accueil des visiteurs, la solidarité des gens qui se manifeste tout au long de la journée: la plupart des choses indispensables pour le campement qui avaient été détruites ou détériorées par les forces de l’ordre, ont été remplacées.

Environ 300 à 400 personnes participèrent au cortège depuis le Mur de la Paix jusqu’à La Défense, environ 6 kilomètres parcourus bruyamment et de manière joyeuse, invitant toutes les personnes croisées à se rajouter. Un dispositif policier d’une douzaine de véhicules accompagna la foule grandissante, facilitant ou empêchant le passage, selon les circonstances.
Vers 14 heures, le long cortège exténué fut accueilli à La Grande Arche par un millier de personnes rassemblées sous un soleil timide, des milliers de cœurs peints de tous côtés ; on pouvait voir une grande banderole rappelant le départ précipité de Silvio Berlusconi du gouvernement italien : « Berlusconi est parti, la crise reste »

L’Assemblée Populaire d’environ deux mille personnes donna lieu à des témoignages émouvants et des activités artistiques tout au long de la journée permirent à ce collectif si diversifié de s’unir dans un sentiment fraternel.

Deux indignées commentaient : « Ici nous nous sentons accueillies, incluses ». « Nous pouvons nous exprimer et nous sommes tous égaux » disait l’une, « mais sans que chacun ne perde son identité » rajoutait l’autre.

**Bouge ton cul**

Une séance géante d’aérobic fut organisée sur les escaliers de la Grande Arche, avec la consigne «Bouge ton cul » invitant à devenir actif pour transformer ce système qui nous asphyxie. « A droite, à gauche, le combat » telle était la consigne tandis que des centaines de personnes dansaient.

De nombreux musiciens improvisèrent sur les principaux slogans de ce mouvement tels que « Ils l’appellent démocratie mais c’est pas ça » « Et vous, qu’est-ce qui vous fait battre le cœur ? » ou « Travaille, consomme et ferme ta gueule ! »

En début de soirée, ce fut l’apothéose avec, en hommage au peuple grec qui fait face à des moments très durs, un sirtaki géant et la formation sur les marches d’un cœur humain, qui fut reproduit, on l’apprit plus tard, à Amsterdam.

L’Assemblée Générale n’eut pas le développement souhaité malgré le sentiment de camaraderie qui régna entre tous les participants et qui permit de vivre des moments de joie intense et chaleureuse.

Plus tard, Akim offrit un concert tiré de son répertoire et des grands classiques de la chanson française provoquant le délire du public qui ne cessait de sauter et danser.

Un karaoké eut lieu et la Chorale des indignés de la Bastille sortit son répertoire, avec notamment « La bourse est morte ce soir »: [http://youtu.be/ZRNtP-oKjQ4](http://youtu.be/ZRNtP-oKjQ4)

Une jeune commentait qu’un CRS lui avait avoué dans une conversation « Je ne veux pas être ici le jour où nous aurons l’ordre de vous déloger » et « Nous aussi on est traités comme des chiens » se plaignait-il. Mais pour l’instant aucun signe ne dévoile la disposition à désobéir aux ordres injustes et anticonstitutionnels.

Nous partîmes tard alors qu’était servie une soupe délicieuse offerte par les Restos du Cœur permit de réchauffer les corps pour les mettre en syntonie avec les cœurs en fête après cette journée intense qui se prolongea encore avec des réunions des groupes de travail.