Le dialogue de sourd perdure entre le gouvernement et le vaste mouvement
protestataire, emmené par les étudiants, qui traverse le pays depuis le
début de l’année [http://es.rsf.org/chile-una-burbuja-mediatica-estremecida-17-08-2011,40800.html](http://es.rsf.org/chile-una-burbuja-mediatica-estremecida-17-08-2011,40800.html). Dans un climat de tension sociale accrue, où les débordements violents
polluent des manifestations en général pacifiques et où les journalistes
sont de plus en plus exposés aux réactions répressives et hostiles
[http://es.rsf.org/chile-denuncian-los-ataques-de-las-18-10-2011,41232.html](http://es.rsf.org/chile-denuncian-los-ataques-de-las-18-10-2011,41232.html),
Reporters sans frontières craint désormais des répercussions dommageables
pour l’activité des médias au détriment d’un nécessaire débat public.

“Qu’elle soit alternative ou traditionnelle, c’est la presse chilienne dans
son ensemble qui est affectée par les récentes attaques en ligne contre
trois sites d’informations ou l’attentat à la bombe artisanale contre le
groupe Copesa, éditeur du quotidien *La Tercera*. Ce climat doit cesser
grâce à l’action de la justice mais également via la réponse politique à la
demande citoyenne de pluralisme. Ce large débat, mobilisant toute la
société, ne peut plus attendre. En son absence, l’intolérance risque
d’accélérer une polarisation dangereuse”, a déclaré Reporters sans
frontières.

Craignant lui aussi cette polarisation, *Mauricio Tolosa*, cofondateur et
animateur de *Sitiocero* [http://sitiocero.net/](http://sitiocero.net/), a été la cible le 4
novembre dernier, qui lui a fait perdre tous ses document enregistrés
depuis le mois de juin et l’a obligé à suspendre son activité pendant
vingt-quatre heures. Les sites alternatifs *La Otra Voz* [http://www.laotravoz.cl/](http://www.laotravoz.cl/) et *Puro Periodismo* [http://www.puroperiodismo.cl/](http://www.puroperiodismo.cl/) ont également subi des offensives en ligne
pendant la même période mais sans connaître les mêmes dommages. “Tant notre
site que les deux autres sont des supports d’analyse, de mise en contexte,
qui brassent des thèmes larges et d’intérêt citoyen, et non pas directement
des sites politiques et militants”, a déploré auprès de Reporters sans
frontières Mauricio Tolosa, qui revendique environ 200 000 visiteurs sur
les pages du site au cours des six derniers mois. D’après une source proche
des Anonymous contactée par la rédaction de Sitiocero, les hackers
appartiendraient à la mouvance néonazie.

Trois jours plus tôt, toujours à Santiago, les locaux du groupe Copesa
abritant le siège de La Tercera, l’un des deux principaux quotidiens du
pays, ont été endommagés par l’explosion d’une bombe artisanale qui n’a
heureusement pas fait de blessés. Cet attentat a été revendiqué en ligne [http://hommodolars.org/web/spip.php?article4303](http://hommodolars.org/web/spip.php?article4303) trois jours plus tard par
un mystérieux Commando autonome Voltaire Argandoña/F.A.I-F.R.I, qui prétend
“générer l’insécurité” contre *La Tercera* et cible en particulier les
journalistes *Andrés López* et *Sebastián Labrín*.

Reporters sans frontières condamne sans réserve des actes de violences
assortis d’incitation à la haine et de menaces contre la vie d’autrui.
Notre organisation attend les résultats des enquêtes en cours dans des
affaires qui sont autant de mauvais signaux pour la libre circulation des
idées et des opinions.