Dans une déclaration transmise à Reporters sans frontières, l’organisation
professionnelle dénonce le nombre élevé d’agressions intentionnelles,
souvent assorties de détentions, dont se rendent responsables les forces de
l’ordre contre les reporters d’images. L’Union des photographes et cameramen
se réfère notamment aux cas récents de Rodrigo Cisternas, du quotidien * »La
Tercera »*, cible d’un canon à eau de véhicule antiémeute (*“guanaco”*)
; de Luis
Narvaez, de la chaîne * »Chilevisión »*, agressé par des agents des Forces
Spéciales puis détenu sans mobile précis ; ou encore du photographe Cristian
Opazo, cible de lacrymogène en plein visage. Est également cité le cas plus
ancien de Victor Salas, autrefois employé par l’agence espagnole * »EFE »*,
devenu borgne après le coup de matraque d’un carabinier à cheval lors d’une
manifestation de professeurs à Valparaíso en 2008, et pour qui justice n’a
jamais été rendue [http://fr.rsf.org/chili-le-carabinier-agresseur-du-20-08-2009,34249.html](http://fr.rsf.org/chili-le-carabinier-agresseur-du-20-08-2009,34249.html).

Les carabiniers n’apprécient guère l’image véhiculée par les médias ou les
étudiants assurant eux-mêmes la couverture des événements. Ainsi, Nicolás
Salazar, étudiant en histoire, a subi les représailles de carabiniers qu’il
venait de filmer en train de s’attaquer à un autre étudiant, le 29 septembre
dernier sur le campus de l’université de Concepción [http://www.youtube.com/watch?v=6Esh0PqZj2A](http://www.youtube.com/watch?v=6Esh0PqZj2A). Une plainte a été déposée par
les étudiants après cette agression. Une autre, de l’Association des
correspondants au Chili, concerne la détention arbitraire et la saisie du
matériel de Fernando Fiedler, photographe de l’agence de presse * »Inter
Press Service »*, lui aussi témoin de violences des forces de l’ordre puis
victime de leurs brutalités, le 6 octobre.

* »Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces abus et que
l’institution militaire ne pose aucun obstacle aux enquêtes. L’Union des
photographes et cameramen a raison de rappeler le précédent Victor Salas
comme triste exemple d’impunité. Des gages doivent être donnés aux
journalistes couvrant les manifestations, quels que soient leurs médias.
L’un d’eux consisterait à abroger sans plus tarder le projet de loi
controversé qui voudrait convertir la presse en indicateur de police [http://fr.rsf.org/chili-un-projet-de-reforme-du-code-penal-06-10-2011,41136.html](http://fr.rsf.org/chili-un-projet-de-reforme-du-code-penal-06-10-2011,41136.html)”*, a déclaré Reporters sans frontières.

Après le rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression, Frank La
Rue [http://www.radiotierra.cl/node/3641](http://www.radiotierra.cl/node/3641), la Haut-commissaire adjointe des
Nations unies pour les droits de l’homme, Kyung-wha Kang, est actuellement
en visite au Chili. Elle doit notamment s’entretenir avec les organisations
étudiantes et des représentants des populations indigènes Mapuche, dont les
médias sont aussi réprimés [http://fr.rsf.org/chili-le-tabou-environnemental-revele-17-05-2011,40289.html](http://fr.rsf.org/chili-le-tabou-environnemental-revele-17-05-2011,40289.html).
Reporters sans frontières espère que la Haut-commissaire saura faire
entendre aux autorités chiliennes la nouvelle demande d’information et de
débat qui s’exprime aujourd’hui dans le pays.