La construction d’une usine d’assemblage de tracteurs et de fabrication des équipements agricoles à Ebolowa, dans la région du sud répond à un besoin de dynamisation de la production nationale de riz et de maïs dans l’ensemble du pays. Le choix de cette localité pour abriter cette usine n’est pas un fait du hasard. La ville étant située aux frontières de la Guinée Equatoriale et du Gabon, deux pays qui s’approvisionnement à près de 80% en produits agricoles au Cameroun. Implantée sur une superficie de 10 ha, l’usine, d’un coût de plus de 18 milliards de francs, fruit d’une convention signée le 20 avril 2009 à New-Delhi entre le gouvernement camerounais et Eximbank de l’Inde, a pour but non seulement de moderniser l’agriculture locale, mais aussi de faire d’Ebolowa un pôle agricole pour le ravitaillement du marché de la sous-région. L’apport de la coopération indienne est évalué à dix huit milliards.

Les tracteurs dont des échantillons sont déjà assemblés sont de puissances différentes, de dix à soixante chevaux et davantage encore. Ils sont à usage multiple selon l’attelage ou l’équipement. Ils peuvent donc servir pour labourer le sol, égrener les céréales ou les récolter (moissonneuses batteuses), épancher les engrais. On peut les utiliser dans les zones forestières après avoir apprêté les surfaces à cultiver, dans les zones de savane etc. Il s’agit d’un outil essentiel pour la modernisation de l’agriculture camerounaise dont le passage à la mécanisation traduit une étape supérieure en vue de l’augmentation significative de la production en quantité et en qualité.

Au delà de tout, ce projet est une mine d’or pour les jeunes désœuvrés du pays. Seront ainsi générés : 2000 emplois directs et 1000 emplois temporaires pendant la période des semailles. 125 emplois directs seront aussi créés pour l’exploitation des 25 moissonneuses batteuses. L’usine est composée d’un bâtiment administratif, d’une ligne de montage d’une dizaine de tracteurs par jour, d’une unité de fabrication de matériels et outils agricoles, d’un magasin de stockage de tracteurs d’une capacité de 300 tracteurs et d’un centre de formation pour les techniciens et tractoristes.

Aujourd’hui il est question de passer de la production artisanale à une production mécanisée dont les effets se traduiront dans les tous prochains jours par la mise en place d’au moins de 5000 hectares de maïs et 5000 hectares de riz. Avec au final une production de 100 mille et 300 mille tonnes de riz. L’une des principales raison qui crée le déficit dans la balance commerciale du pays est l’importation massive des denrées de première nécessité. Grâce à cette mécanisation, il est question d’aller vers le label saut qualitatif et quantitatif. Au millier de tracteurs assemblés, s’ajoutent des centaines de motos-pompes, d’égreneuses et de moissonneuses batteuses. Une nouvelle ère de l’agriculture camerounaise s’ouvre ainsi sur ce projet.
Toutefois, l’idée de construire cette usine de montage de tracteurs dans cette région ne fait pas l’unanimité au sein d’opinion paysanne. Si la plupart d’entre eux estime que ce projet aidera à donner un nouvel élan à l’agriculture camerounaise, une minorité non négligeable pense par contre que l’idée est mal orientée. Cette partie d’agriculteursmilite plutôt pour une subvention directe aux petits producteurs. Au delà de toutes ces divergences de vue, l’injection des milliers de tracteurs et des centaines d’outils agricole dans l’agriculture camerounaise aura des impacts réels sur la production nationale.

François Tekam