Le Cameroun est fortement touché par une épidémie de choléra qui jusque là était très limitée au nord du pays. Même si l’on sait que depuis deux décennies les populations camerounaises meurent de cette maladie, on a enregistré ces deux dernières années une forte recrudescence de celle-ci et des centaines de mort sur le carreau, la région du nord Cameroun payant le plus lourd tribut. Les premiers cas d’épidémie de choléra avaient été déclarés dans cette région au mois de mai 2010. Les autorités locales n’avaient pas à l’époque pris le mal au sérieux. En trois mois, on avait enregistré près de 300 morts. Réagissant après coup, les autorités camerounaises ont élaboré « un plan d’urgence pour la maîtrise de l’épidémie de choléra dans les régions de l’Extrême-Nord et du Nord ». Malheureusement, ces mesures n’ont pas pu stopper l’épidémie. D’où cette alerte maximale lancée par les autorités camerounaises, surtout dans les établissements scolaires où les élèves sont très exposés à cause de la précarité des infrastructures sanitaires et alimentaire.

Face à l’incapacité de l’état à construire des écoles et collèges sur l’étendue du territoire, les établissements scolaires privés sont créés à l’emporte pièce ces dernières années, l’Etat se contentant de fermer ceux ouverts dans l’illégalité. Ces écoles apparaissent en cette période d’épidémie comme des mouroirs pour les plus petits qui sont à leurs premières années d’école, et par conséquent maitrisent très peu les règles d’hygiènes qui constituent jusqu’ici le meilleur moyen de prévention contre le fléau.

Dans une banlieue de Yaoundé, les élèves d’une école maternelle et primaire sont à la pause récréative, les uns ont leur gouter en main, d’autre se bousculent à l’entrée d’une toilette qui n’a pour équipement qu’un trou pour déféquer. Dans le coin d’une salle de classe, certains sont groupés autour d’un seau d’eau muni d’un gobelet en plastique pour étancher leur soif. L’école en question n’a pas d’eau courante, encore moins de forage. Chaque matin, les élèves vont chercher l’eau à une source pour remplir ce seau.

Dans la cour de l’école, ce qui tient lieu de cantine est une cohorte de femmes installées derrière des tablettes sur lesquelles elles exposent des friandises aux enfants. Sucettes, croquettes, eau en sachets etc. y sont vendus sans qu’on ne sache véritablement dans quelles conditions ces produits ont été préparés. On constate donc que le slogan lancé par les autorités éducatives à la rentrée scolaires « mon école sans choléra » est loin de tenir la route. Il faut beaucoup plus qu’un slogan et de simples déclarations pour barrer la route à cette épidémie qui menace chaque jour un peu plus la sécurité sanitaire.

Toutefois, les populations adultes doivent s’approprier les règles d’hygiène et les enseigner comme une prière du matin à leurs enfants. Ce qui ne devrait pas dédouaner les pouvoirs public qui ont l’obligation de garantir la santé des populations. Des mesures appropriées pour que les populations aient accès à l’eau potable réduiraient considérablement les risques de contamination