Pressenza Hong Kong, 16/10/10 Plus d’une centaine d’intellectuels et militants de la Chine continentale ont signé une lettre ouverte pressant le gouvernement de Pékin de libérer le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo et de saisir l’occasion pour accepter pacifiquement la démocratie.

La lettre, rédigée en chinois, anglais, français et japonais et publiée sur des sites web hébergés hors de la Chine, affirme que le dissident emprisonné constitue un « choix splendide » et que le prix reconnaît sa foi dans l’avancement des droits de l’homme et en la lutte pacifique contre l’injustice sociale.

Elle fut écrite par Xu Youyu, un professeur retraité de l’Académie chinoise des sciences sociales, et par Cui Weiping, professeur et critique sociale de l’Académie du film de Pékin.
« Nous appelons les autorités chinoises à répondre au prix Nobel avec rationalité et réalisme, à tenir compte des réactions chaleureuses venus du pays et de l’étranger, pour comprendre clairement l’opinion mondiale et savoir où va le cœur des gens » dit la lettre.

C’est la deuxième lettre ouverte en trois jours demandant aux autorités de s’incliner devant des valeurs universelles telles que la liberté d’expression, garanties par la constitution du pays, et d’avancer dans des réformes politiques, qui restent très en retard par rapport au rapide développement économique du pays de ces trois dernières décennies.

Dans un même mouvement, un groupe de 23 anciens responsables politiques et culturels publiait une lettre ouverte bien sentie au Congrès National du Peuple du 12 octobre, dénonçant la censure des médias continentaux comme inconstitutionnelle et devant être abolie.

La publication de la nouvelle lettre est survenue le jour où le Parti Communiste ouvrait son congrès de quatre jours à Pékin, pour produire le plan de développement stratégique pour 2011-2015. Les appels aux réformes politiques, s’ajoutant à la couverture internationale du prix décerné à Liu, ont donné une saveur particulière au principal rassemblement annuel des chefs du Parti. Les signataires de la lettre ouverte ont appelé les autorités à tenir leurs engagements de réformes politiques.
« Le Premier ministre Wen Jiabao a exprimé une forte aspiration à une réforme politique dans une série de discours récents et nous voulons nous joindre à lui, » est souligné.

Liu, critique littéraire et militant, purge une peine de 11 années pour subversion et pour être co-auteur de Charte 08, un appel à la réforme politique en Chine. Le gouvernement de Pékin a annoncé que Liu est un criminel et que lui attribuer ce prix est une « obscénité ».

Cependant, les signataires déclarent que la réaction positive de la communauté internationale à l’attribution du prix à une personne représentant le mouvement des droits de l’homme en Chine, était clairement une décision valable et opportune.
De plus, ils ont aussi invité les autorités de Pékin à libérer tous les prisonniers d’opinion et les personnes incarcérées pour leur croyance, leur religion ou pour avoir simplement exprimé leur opinion. « Nous appelons les autorités à libérer Liu Xiaobo et à le laisser venir avec son épouse à Oslo pour retirer son prix de la paix. »

Plusieurs journaux nationaux et provinciaux ont demandé aux dirigeants politiques d’adopter des réformes politiques alors que la session plénière du Comité Central du Parti Communiste se préparait. Il s’agit de l’Express Moderne de la province de Jiangsu, du courrier Matinal de Xiaoxiang de la province de Hunan, des Nouvelles de Pékin et du Quotidien des Nouvelles pour la Jeunesse, plus Southern Weekend.

Cette couverture par la presse est un autre signe du fait que les portes des libertés publiques s’ouvrent dans les médias chinois.
Le législateur de Hong Kong, Lee Cheuk-yan, de la Confédération de Hong Kong des Syndicats, a déclaré qu’il allait prendre contact avec des syndicats partout dans le monde et leur demander d’inviter les anciens lauréats du Prix Nobel de la Paix à signer une pétition demandant au gouvernement de Pékin de libérer Liu.

De nombreuses autres personnes courageuses luttent pour la liberté et les droits de l’homme en Chine, comme Wen Jiabao, Liu Xiaobo, Hu Jia , Yu Jie, Tan Zuoren, Ding Zilin et son époux, Jiang Peikun – Ding. Ils ne font pas vraiment les titres des journaux, mais effectuent au quotidien de grands efforts pour la justice.