Pressenza Londres 10/06/10 Les habitants proche du site de fabrication d’armes nucléaires AWE ont été évacués suite à la déclaration d’un incendie dans la zone non explosive du complexe nucléaire. Un travailleur de l’AWE a été brûlé dans l’accident et soigné sur place par des secouristes. Les médias ont laissé entendre que les services internes de secours et de lutte contre les incendies étaient parvenus à étouffer le feu, aidés par les pompiers de la Royal Berkshire. Un cordon de 600 mètres a été placé autour du bâtiment « par mesure de précaution » selon un porte-parole, et un certain nombre de résidents locaux ont été évacués de chez eux dans la nuit. Un communiqué transmis par AWE Aldermaston a annoncé : « Une enquête approfondie pour déterminer les causes de cet incident sans conséquences en termes de radioactivité va être engagée. Le ministère de la défense et les organismes de contrôle de AWE ont été informés. »

Cependant, le 26 septembre dernier le journal « The Observer » annonçait une toute autre réalité : « Les sapeurs pompiers ont ‘perdu le contrôle’ de l’incendie à la base nucléaire d’Aldermaston. Selon des sources obtenues par The Observer dans le respect du ‘Freedom of Information Act’, le feu a brûlé pendant neuf heures tandis que des pompes et des appareils venaient en renfort de Londres et d’ailleurs ». Le même article révèle que l’incendie s’est déclaré dans un bâtiment abritant du matériel hautement explosif, et qu’il a fallu des heures pour localiser et se procurer l’équipement nécessaire, à 65 km à Londres, avant de parvenir à maitriser le feu. L’article signale également qu’une série d’incidents avait déjà eu lieu, rendant nécessaire la présence d’un service incendie, une information qui était restée confidentielle jusqu’à lors. Et de poursuivre :  » Cette révélation arrive alors que le conseil municipal doit donner cette semaine son feu vert au lancement du projet Hydrus, projet de têtes thermonucléaires nouvelle génération dont le coût de développement s’élèvera à quelques centaines de million de pounds. »

Selon un rapport de la BBC, « un certain nombre de pompiers se sont vus bloquer l’entrée au lieu d’intervention par des membres de la sécurité ». L’incendie proviendrait d’un solvant utilisé dans la production d’explosifs, qui aurait « flashé et pris feu ».
L’usine d’Aldermaston est à quelques kilomètres de trois des plus grandes villes du sud de l’Angleterre, et à une soixantaine de kilomètres de Londres. Ses infrastructures sont employées pour la production d’armes nucléaires nationales, mais aussi pour la production des Etats-Unis. Une explosion nucléaire, accidentelle ou terroriste, impliquerait la contamination radioactive de millions de personnes en plus de la mortalité immédiate due à l’explosion. Il semblerait que l’Angleterre toute entière, et en particulier l’une de ses régions les plus convoitées pour son charme et pour le prix de ses maisons, soit littéralement assise sur une bombe nucléaire à retardement.

L’entreprise AWE a du causer une grave agitation dans l’esprit de ceux qui ont eu à gérer la crise de l’avion de ligne qui avait perdu le contact radio en survolant l’Angleterre, évènement qui était survenu peu de temps après l’attaque du 11 septembre. Les pilotes de la Royal Air Force s’étaient alors mis en position, prêts à détruire l’avion qui ne répondait pas aux messages radios. Tony Blair a confirmé dans ses mémoires récemment publiées qu’il était à deux doigts d’ordonner la destruction d’un avion plein de passagers au dessus de Londres. Les conséquences de ces évènements sont claires. En septembre 2009, les pilotes d’un charter atteint d’une défaillance électrique potentiellement catastrophique (impliquant la coupure de la liaison radio) ont refusé de se dérouter vers le poste d’atterrissage le plus proche de peur de se faire attaquer par un déploiement militaire s’ils changeaient soudainement leur trajectoire.

Lorsqu’un sous-marin britannique est entré en collision avec un sous-marin en février 2009 au milieu de l’Atlantique, l’effroi à l’idée de se qui aurait pu se passer a rapidement laissé place à un sentiment de ridicule compte tenu des conditions de sécurité extrêmes qui régnaient à bord au dire des autorités compétentes en matière d’armes de destruction massive. Le communiqué publié affirmait que les sous-marins n’avaient été que légèrement cabossés puisqu’ils avançaient à très faible allure. Mais qu’en aurait-il alors été à pleine vitesse ? Le ministère britannique de la défense refusa d’abord de confirmer l’accident, mais changea vite d’attitude lorsque les autorités militaires française publièrent des détails de l’accident sur un site internet. En mai 2008 un sous-marin nucléaire anglais s’écrasait contre un rocher de la mer Rouge : un officier aurait confondu le numéro « un » avec le numéro « sept » sur une carte de navigation. Le ministère de la défense n’a ni confirmé ni nié que le sous-marin transportait, comme c’est souvent le cas, un missile de croisière Tomahawk.

Les accidents arrivent toujours, mais lorsqu’ils impliquent des armes nucléaires et qu’ils sont assourdis par le secret, nous faisons face à des désastres potentiels sans aucune possibilité de contrôle et d’auto-défense pour la population. La seule alternative saine est de se débarrasser une bonne fois pour toutes de ces vecteurs de mort illégaux, immoraux, inabordables, dangereux, et appréciés des terroristes.

traduction de l’anglais : Mathilde Baud