Promouvoir la coopération et la fraternité entre quartiers à travers le sport, c’est le but que s’est, entre autres, fixée la Fondation J’aime Haïti (FJAH), principal organisateur de « Panier la Paix ».

Interpellée pas la situation sécuritaire du pays, la FJAH, une organisation haïtienne travaillant dans le social, a voulu jouer sa partition dans les efforts en faveur de la paix en Haïti. L’idée a pris corps en 2006. Cette année en voit la 3ième édition.
*« Après 2004, nous avons connu dans le pays de grands moments de violence. Le climat sécuritaire était au plus mal et la violence sévissaient dans certains quartiers. Le sport favorise la paix, particulièrement les sports d’équipe qui demandent l’entraide et la coopération »*, comme le souligne Gérald Oriol Jr, vice-président de FJAH. Pas moins de 16 quartiers de la région métropolitaine participent à ce championnat de vacances. Parmi eux, La vallée de Bourdon, Djobel, Debussy, Martissant, Carrefour-feuilles, entre autres. La plupart de ces quartiers sont défavorisés.

Et dans ces endroits vivent nombre de jeunes, souvent dans de difficiles conditions. Plusieurs n’ont pas pu achever leur scolarité et se retrouvent sans emploi. Aussi, ces jeunes sont ils le plus souvent en proie à des frustration, tension sociale, découragement…
*« Les jeunes de nos quartiers ont la vie difficile. Ils ne trouvent aucun encadrement et ont l’impression d’être livrés à eux-mêmes. Pourtant, ils ont plein de talent et de potentiels »*, de l’avis de Fritz St Paul, jeune de 24 ans du quartier de La vallée de Bourdon et lui aussi au chômage. Aussi, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que l’idée d’un championnat de vacances de Basket-ball a été accueillie par les résidents de ces différents quartiers. D’ailleurs, ils se sont fortement impliqués dans la réalisation de cette activité, notamment en participant à la construction des terrains de basket. *« Nous leur avons fourni le matériel, et ils ont eux-mêmes bâti l’espace de jeu »*, informe Gérald Oriol.

Pour beaucoup d’entre eux, cette activité de vacances est une véritable opportunité offerte à eux de pouvoir donner une autre image de leurs quartiers et d’eux-mêmes. Entraîneur de l’équipe de Basket du quartier « La Vallée de Bourdon », Fritz St Paul n’a pas hésité à participer au championnat et à même encourager d’autres à le faire. Le jeune adulte de 24 ans, sans emploi depuis des années, y voit un moyen de se valoriser mais également d’aider ses copains en difficulté.
*« L’on nous fait souvent passer pour des paresseux, des gens violents. Mais, c’est une fausse image. Les jeunes ont beaucoup de capacités et du positif en eux. Cette activité renforce chez eux la rage de vaincre si importante pour s’en sortir »*, affirme l’entraîneur.
De poursuivre, celui-ci souligne que *« pratiquer le sport requiert une certaine discipline, que le jeune intègre au fur et à mesure. C’est avec un immense plaisir que j’ai vu un ami arrêté la cigarette pour participer aux entraînements car je lui avais dit que je n’acceptais pas de fumeur dans mon équipe »*. Plus qu’une distraction, l’initiative a permis de découvrir de véritables talents sportifs. Et chaque fin de semaine, en l’espace de quelques heures, des Michael Jordan et Tony Parker en herbe s’imposent sur les terrains de basket haïtiens, dévoilant ainsi tout leur potentiel. Se sont également fait remarquer des talents de jeunes chanteurs. Ceux-ci ont en effet participé à l’animation musicale de l’activité sportive. Lors des intermèdes, ils tiennent en haleine la foule de spectateurs par leurs prestations.

Jean-Michel Blanc alias Bob Caillou fait partie de ces rappeurs forts appréciés du public et très demandés lors de ces rencontres sportives. Dès sa première participation, cet artiste en herbe a tout de suite bénéficié de la sympathie du public. Et déjà, les organisateurs de « Panier la Paix » lui ont même promettent de l’appuyer à enregistrer un album. Le chanteur se dit ravi, même s’il espère surtout pouvoir produire un vidéo-clip. Ce championnat prendra fin le 23 août. Mais déjà, d’aucuns s’interrogent sur l’après « Panier la Paix ».
En tout cas, l’enthousiasme de ces jeunes en appelle à d’autres initiatives du genre. La paix est aussi à ce prix.