Il y a aujourd’hui officiellement, en Espagne, 800 000 malades atteints d’hépatite C. Selon les associations de malades et d’hépatologues, on dépasse largement le million de malades. Nombre d’entre eux ne le savent pas parce qu’ils sont en phase initiale. C’est une maladie incurable jusqu’ici, qui, dans les cas les plus graves, se transforme en cirrhose, et il ne reste alors que les greffes de foie en dernier recours.

Récemment, un médicament a été découvert (le Sovaldi) qui procure une guérison, dans plus de 90 % des cas, en trois mois. Ce qui devrait constituer une grande joie pour ces malades (plus de 130 millions dans le monde entier) est devenu une grosse frustration, puisque le gouvernement espagnol se refuse à administrer ce médicament à tous les malades, et il ne sera administré, après les premières mobilisations évidemment, qu’à certains malades et dans certaines conditions. Bien que cela ne soit pas dit clairement, le problème fondamental est celui du prix du traitement.

Nous avons interviewé Yolanda et Toni, tous deux membres de la « Plate-forme des malades atteints d’hépatite C de Madrid », qui participe à l’occupation illimitée de l’hôpital de Madrid.

Pour quelle raison le gouvernement refuse-t-il de payer ce médicament à tous les malades ?

Yolanda : C’est la question clé. Rien n’est clairement dit. Ils se cachent derrière de prétendues causes médicales. Mais les données en possession de l’association des hépatologues contredisent le gouvernement.

Toni : Le gouvernement liquide le secteur de la santé. Derrière tout cela, il y a la privatisation. Le Parti populaire s’essaye à tout cela depuis très longtemps. Ils veulent que nous revenions à la féodalité. D’un côté, les seigneurs, et de l’autre, les gueux. C’est ce qu’ils veulent généraliser avec le traité que négocient les Etats-Unis et l’Union européenne. Privatiser tout.

Ils donnent à des entreprises privées une bonne partie des services des hôpitaux. Celui qui veut se soigner, disent-ils, qu’il le paye.

Réellement, il est si cher, ce médicament ?

Yolanda : En fait, lorsqu’on parle du coût, il faut se demander à quoi on le compare. Déjà, le seul fait de parler de prix quand on parle de la vie des gens est une indication de leurs objectifs. Mais en plus, c’est faux. Par exemple, un malade atteint d’hépatite C peut être affecté d’un cancer du foie et ensuite de cirrhose nécessitant une greffe, etc. Tout cela, en termes de dépenses, revient très cher, et si on guérit les malades, au début, il y aura un coût, mais ensuite, une grande économie en termes de traitements et d’hospitalisations.

Toni : Le laboratoire propriétaire du médicament, c’est Gilead. En fait, ils n’ont pas développé le médicament mais l’ont acheté à Pharmasset, l’entreprise qui l’a développé pour la somme de 11 milliards de dollars. Maintenant, ils vendent le traitement 65 000 euros pour l’amortir et s’en mettre plein les poches.

Où en sont les mobilisations ?

Toni et Yolanda : Nous avons fait une chaîne humaine au ministère. Maintenant, nous préparons une marche sur la Moncloa (palais du chef du gouvernement, Rajoy — NdT) pour donner à Rajoy une lettre lui demandant le traitement pour tous ceux qui en ont besoin. Nous vous demandons, à vous et à tout le monde, de faire connaître notre lutte et de rechercher des soutiens.

C’est pour cela que nous nous adressons aux partis et à toutes les organisations pour qu’ils nous aident dans cette lutte, dont l’enjeu n’est pas seulement notre vie mais la défense de la santé publique.

Source texte : http://entente-internationale-des-travailleurs-eit-ilc.blogspirit.com/archive/2015/03/20/espagne-hepatite-c-quand-le-capitalisme-tue-les-malades-mobi-3040650.html