Par Roger Annis

Une vague grandissante de manifestations contre la guerre et la conscription s’étend dans les villes de l’ouest de l’Ukraine . Les manifestations ont débuté après l’annonce, par le président ukrainien Petro Porochenko, il y a dix jours, d’une troisième phase de mobilisation. Celle-ci est jugée nécessaire pour la guerre, qualifiée par Kiev d’« opération anti-terroriste » et entamée il y a trois mois, contre la population d’Ukraine orientale. Parallèlement à ces manifestations, les désertions dans l’armée et les refus d’obtempérer aux ordres de mobilisation se multiplient.

La proposition de mobilisation de Porochenko a été approuvée par la Rada ukrainienne le 22 juillet. Cette mesure signifie que davantage de personnes vont être mobilisées et que plus d’unités de réservistes vont être envoyées au front.

Depuis le crash du vol MH17, Kiev s’est lancé dans une offensive frénétique dans le sud-est de l’Ukraine pour essayer de venir à bout d’une rébellion autonomiste. Cette offensive bloque l’accès des enquêteurs au site du crash du MH17, et sa première phase consiste en des bombardements massifs et aléatoires de villes et villages constituant des crimes de guerre à grande échelle. (proposition : … du MH17, et la ligne de front de l’offensive est impliquée dans un bombardement massif et aléatoire des communes et des villes constituant, de fait, un crime de guerre à grande échelle)

Cette vidéo du bombardement d’un ensemble de logements dans la ville de Donesk, le 29 juillet, est un exemple de ce qui est en train de se passer. Buzzfeed rapporte : « Avec l’attaque de mardi, c’est la première fois que des bombardements ciblent le centre de Donetsk, un bastion rebelle jusque-là tranquille, occasionnant trois morts et quinze blessés. La ville toute proche de Horlivka a décrété trois jours de deuil après que des tirs fournis eurent tué dix-sept personnes en une nuit et blessé des douzaines d’autres. Au moins quatre autres personnes sont mortes dans les bombardements de Yasynuvata, dans la banlieue de Donetsk. »

Kiev s’est lancé dans une course contre-la-montre pour mater la rébellion avant que les coûts des opérations ne deviennent prohibitifs et que les manifestations anti-guerre et les désertions ne l’obligent à interrompre son offensive. Kiev doit également se préoccuper des révoltes prévisibles de la population ukrainienne dans son ensemble, dès lors que se feront sentir, de plus en plus douloureusement, les sévères conséquences de l’accord d’association économique que Kiev a signé avec l’Union européenne le 30 juin dernier.

Les protestations s’amplifient

Bien que les sites internet de propagande du gouvernement de Kiev vantent les succès de son « opération antiterroriste », en cours menée depuis maintenant trois mois dans l’est de l’Ukraine (qu’il appelle « OAT » / « ATO » en anglais), la mesure spéciale de mobilisation approuvée la semaine dernière montre que l’armée ukrainienne est en difficulté. Davantage d’unités de combat sont nécessaires, le Trésor public est en réalité en faillite à cause de tout cela, le nombre de désertions dans l’armée augmente, tout comme s’amplifient les protestations des mères, épouses, amis et voisins des soldats conscrits. La chaîne de télévision ICTV rapporte que le conseiller auprès du ministre des Affaires intérieures, Anton Gerachenko, a annoncé que toute personne qui fera campagne, via les réseaux sociaux en Ukraine, contre la guerre menée par le régime, sera arrêtée.

La contestation qui prend de plus en plus d’ampleur porte sur plusieurs points ; certains s’opposent catégoriquement à la guerre. D’autres s’interrogent plus spécifiquement sur les conditions particulièrement rudes et dangereuses auxquelles sont confrontés les soldats dans l’Est.

L’une des manifestations les plus spectaculaires depuis l’annonce de la « troisième mobilisation » a eu lieu dans la ville portuaire et industrielle de Mikolaïv (aussi orthographiée Nikolaev) sur la mer Noire, à l’est d’Odessa. Des mères et des femmes de soldats ont bloqué le pont de Varvarovka, au-dessus de la rivière Bug, à plusieurs reprises pendant trois jours, à partir du 25 juillet. Elles réclamaient qu’après leurs longues périodes de service dans le 79e Régiment de parachutistes, leurs fils et époux puissent rentrer. Les tours de services ont été prolongés et ce régiment a été engagé dans des combats intenses. Les femmes ont parcouru à pied le trajet jusqu’au pont avec des pancartes où était inscrit « Sauvez nos garçons ! » et elles ont utilisé un passage piéton pour bloquer la circulation. Des affrontements avec la police et la milice ont eu lieu (voir un enregistrement vidéo spectaculaire ici du 25 juillet).

Le premier jour de la manifestation, les femmes ont rédigé un projet de lettre au Président Porochenko, que le maire de la ville et le gouverneur de la région ont accepté de lui porter. Elles y déclaraient qu’elles resteraient là tant qu’elles n’obtiendraient pas une réponse satisfaisante… qui n’est pas arrivée. Un assaut de la police a mis fin au barrage le 27 juillet. Certaines manifestantes ont été arrêtées.

Les sites internet Hronika.info et ZIK.ua ont mentionné des attaques menées le 22 juillet par des habitants en colère contre le bureau de recrutement de l’armée et des bâtiments abritant d’autres services administratifs locaux dans la ville de Bohorodtchany, dans l’oblast (le district) de Ivano-Frankivsk, au sud-ouest de l’Ukraine, à la frontière de la région des Carpates. Les documents de conscription ont été brûlés. (Source en ukrainien ici)

Il s’agit d’une région rurale et les manifestants criaient un slogan qui revient dans beaucoup de manifestations contre la conscription : ils disent que leurs hommes n’ont ni entraînement, ni équipement correct et que les envoyer à l’Est revient à les condamner à une mort certaine.

« Une mort certaine » pour des soldats n’est pas le signe d’une guerre qui réussit. Cela suggère également que le très récent rapport du Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, qui fait mention «d’au moins » 1 129 victimes dues à la guerre en Ukraine, est sérieusement en deçà de la vérité. De fait, le chiffre estimé dans ce rapport de 100 000 personnes ayant fui à cause de la guerre est ridiculement bas – la Russie affirme que plus de 500 000 réfugiés ont passé la frontière depuis le début de la guerre en avril, et l’Ukraine admet qu’il y a presque 100 000 réfugiés sur son propre territoire.

La Russie a condamné ce dernier rapport du BHCNUDH, en ces termes : « Le message clef [de ce rapport] est que le gouvernement ukrainien est autorisé à exercer son droit légitime lorsqu’il utilise la force pour restaurer la loi et l’ordre dans l’est du pays. »

Le 22 juillet, des habitants du village de Skobychivka ont formé une chaîne humaine en se tenant par les bras pour bloquer la route menant d’Ivano-Frankivsk à Bohorodchany, produisant un embouteillage d’un kilomètre. Les manifestants tenaient des pancartes où l’on pouvait lire : « Pas d’Afghanistan en Ukraine ! » « Envoyez des ordres de rappel sous les drapeaux aux enfants des dignitaires ! », « Rendez-nous nos enfants » et « Halte au bain de sang ». Le slogan « Refusez ! » est très répandu dans ces manifestations.

Un autre reportage dans Vesti citait rapporte que les parents de soldats déclarent que leurs fils servent de « chair à canon ». Le reportage mentionnait d’autres manifestations à Yaremtcha, dans la même région, et à Sambor, dans la région de Lviv.

Non loin de là, en Bucovine, les habitants de sept villages ont bloqué plusieurs routes le 28 juillet. Cette région du sud-ouest de l’Ukraine abrite une importante population d’origine roumaine.

Une vidéo publiée par 112.UA montre des proches de soldats qui, le 24 juillet, ont bloqué une route dans le district d’Oboukhivs’kyi, près de Kiev, pour exiger le retour de soldats après une longue période d’activité. Le 28 juillet, des manifestants dans la région d’Odessa ont bloqué l’autoroute sur la côte de la mer Noire pendant plusieurs heures.

Les habitants de six villages des environs de Sokyryanskyi (dans l’oblast de Tchernivtsi) – Bilousivka, Lomachyntsi, Mykhalkove, Serbytchany, Korman and Romankivtsi – ont bloqué l’autoroute entre Tchernivtsi et Novodnistrovsk dans la matinée du 25 juillet, pour exiger que leurs hommes ne soient pas envoyés à la guerre.

Les manifestations se sont multipliées dans toute la région de Tchernivtsi au sud-ouest de l’Ukraine. Sur un enregistrement vidéo, des personnes affirment : « On veut la paix, pas la guerre » et « On n’a pas élevé nos enfants pour la guerre. Ils ne les auront pas ! »

Cette vidéo (voir ci-dessous) montre un groupe de personnes de Tchernivtsi, principalement des femmes, se rassembler pour affronter un officier de recrutement du bureau local. Elles brandissent les ordres de conscription de leurs fils ou de leur mari.

« Votre guerre, faites-là vous-mêmes », disent-elles à l’officier de conscription qui leur répond « d’aller sur internet » si elles souhaitent connaître les raisons de cette nouvelle mobilisation. Il fait référence à l’intense propagande des sites du régime de Kiev consacrés à tout ce qui touche à l’OAT (« opération anti-terroriste »). Mais les manifestants n’en ont cure et empilent des ordres de conscription de couleur bleue par dizaines afin de les brûler.

Regroupées autour des flammes, elles expriment leur point de vue. Une mère dit : « [les autorités de Kiev] quittent le navire comme des rats, mais ils viennent ici pour prendre nos fils et les envoyer à la mort. Ce sont eux qui ont causé ce désastre et maintenant ils ont besoin de nous pour remettre de l’ordre ». L’officier de conscription reste là, impuissant. Que peut-il faire ? Il obéit aux ordres. Dans le village de Marchintsi dans la région de Novoselytskyy de l’oblast de Tchernivtsi, les manifestants ont bloqué l’entrée aux soldats et à la police. Les habitants ont apporté des pneus et barricadé la rue menant à l’intérieur du village. Beaucoup d’entre eux ont écrit des lettres de refus, qui décrivent les événements dans le sud-est comme un massacre.

Le 20 juillet, l’autoroute Kiev-Tchop a été bloquée par des résidents locaux, pour la plupart des femmes, non loin du village de Hamaliivka, près de Lviv. Une manifestation, le mois dernier, a également bloqué l’autoroute. La même autoroute a été bloquée le 28 juillet, dans les villages de Rakochyno et de Znyatsevo, près des frontières de la Slovaquie et de la Hongrie.

Dans une des toutes dernières vidéos postées sur YouTube, on peut voir une manifestation dans la ville de Novoselytsya (oblast de Tchernivtsi), le 30 juillet dernier.

Dans nombre de ces manifestations, le mot d’ordre est « Pas d’Afghanistan en Ukraine ». Ce slogan renvoie à la guerre de dix ans que l’Union soviétique a livrée contre le peuple d’Afghanistan, dans les années 80. Au total 14 500 soldats de l’Union soviétique y ont péri, 54 000 ont été blessés, et beaucoup, beaucoup plus d’Afghans y ont trouvé la mort. Cette guerre a été un facteur déterminant dans l’effondrement de l’Union soviétique, qui s’est produit en 1988, peu de temps après une défaite humiliante suivie d’un retrait d’Afghanistan.

Après l’ère soviétique, l’Ukraine désormais indépendante s’est jointe à la guerre et à l’occupation américaine en Afghanistan. Une force modeste y participe encore.

Le journaliste et commentateur ukrainien bien connu Ostap Drozdov a appelé au boycott du dernier décret de mobilisation. Le site internet Russkaya Vesna (Printemps russe) rapporte ses propos : « Mon programme d’hier (sur la chaîne régionale ZIK) peut être considéré comme le début d’une campagne informelle pour le boycott de cette mobilisation. J’y déclare mon soutien total à cette initiative, qui porte le nom provisoire de « Mobilisation Égale Génocide ». »

Il ajoute : « C’est vraiment important que les gens opposés à la mobilisation de la population civile sachent qu’ils ne sont pas isolés. Il y a en a beaucoup d’autres comme eux. »

L’armée en difficulté

Le nombre exact de désertions est inconnu , et fait l’objet de vifs débats. Ce site Internet publie, par exemple, un rapport présumé de l’armée ukrainienne affirmant que près de 3 500 soldats ont déserté au cours de la troisième semaine de juillet, que 1 600 soldats sont morts et 4 700 ont été blessés au cours de la même période. Des sources en Russie affirment que les documents cités ne sont pas authentiques.

Voici un bref article de presse dans lequel plusieurs soldats ukrainiens parlent de leur décision de demander asile en Russie. (de nombreuses vidéos de combats dans l’est de l’Ukraine sont postées ici sur la « chaîne YouTube Anti-Maidan »)

Cette vidéo montre une manifestation à Kiev des familles de la 72e Brigade militaire, qui ont subi de lourdes pertes lors d’une attaque à la roquette il y a quelques jours. Les protestataires scandent « Aidez les héros ». Sur une pancarte, on lit : « Envoyez les députés [de la Rada] et les généraux sur le champ de bataille ! » Ils prient et chantent l’hymne national ukrainien.

La brigade a été prise dans un macabre chaudron, dans le sud-est de l’Ukraine, il y a eu de nombreux morts, blessés et quelques survivants qui ont trouvé refuge en Russie. Dans cette vidéo, des soldats de la brigade parlent, pendant 13 minutes, de leurs difficultés et de leur expérience bouleversante du combat.

L’agence Interfax, pro-Kiev, parle de 18 soldats ukrainiens qui ont trouvé refuge en Russie et y ont reçu des soins médicaux. Russia Today a parlé, il y a quelques jours, de ce groupe de 40 soldats qui ont pénétré en Russie pour y demander l’asile.

Un fasciste recyclé présente une proposition de loi de conscription

Andriy Parubiy a déposé un « troisième » projet de loi de mobilisation à la Rada. Il est secrétaire à la sécurité nationale et au conseil de la défense, une importante institution de conseil au Président et au Parlement en matière d’affaires militaires. Selon lui, la mesure va mobiliser 15 unités de combat de plus et 44 unités de soutien.

Parubiy est un fasciste bien connu en Ukraine qui a modifié son image au cours de l’année passée et s’est élevé dans la hiérarchie du régime qui a pris le pouvoir à Kiev en février dernier. En 2013, il a rejoint le parti « Patrie » de l’ancienne Premier ministre Ioulia Timochenko et a été élu à la Rada. « Patrie » est un parti-coalition néo-conservateur.

Le journaliste américain Robert Parry écrivait, il y a peu de temps, au sujet de Parubiy « Parubiy est lui-même un néonazi bien connu, qui a fondé le parti National-Socialiste d’Ukraine en 1991. Ce parti mélange un nationalisme radical ukrainien avec des symboles néonazis. »

« Parubiy a également formé un groupe paramilitaire, les Patriotes d’Ukraine, et a soutenu la remise [en 2007] (à titre posthume) du titre de « Héros de l’Ukraine » au collaborateur nazi de la Seconde Guerre mondiale, Stepan Bandera, dont les propres forces paramilitaires ont (auraient) exterminé des milliers de Juifs et de Polonais en vue d’aboutir à une Ukraine racialement pure. »

Les États-Unis renforcent leur aide et leurs actions de formation militaire en Ukraine. L’annonce vient de l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine, Geoffrey Pyatt, le 25 juillet. Les États-Unis ont déjà investi 23 M$ en équipement; leur aide se montera donc désormais à 33 M$. Ils interviennent également dans les pays qu’ils dominent dans la région afin de renforcer la formation et l’équipement de leurs armées, y compris en Moldavie et en Roumanie à la frontière sud-ouest de l’Ukraine, ainsi que du côté nord-ouest, en Pologne.

Le bombardement sans pitié de villes et villages par Kiev tourne court en raison du gigantesque coût financier de la guerre.

A propos de l’économie de l’Ukraine, voici ce qu’écrivait, le 26 juillet, le Washington Post : « Le FMI prévoit que le PIB de l’Ukraine chutera de 6,5 % cette année, et que le déficit public atteindra 10,1 % du PIB. Cette semaine, le gouvernement a déclaré qu’il lui faudrait au moins 800 millions de dollars pour poursuivre les opérations de contre-insurrection et a demandé au Parlement de voter une augmentation supplémentaire des impôts et une réduction des dépenses publiques. Le refus des députés d’affecter les fonds nécessaires a provoqué la démission du premier ministre Arseniy Yatsenyouk, qui a dû admettre que les soldats ne recevraient pas leur solde le mois prochain. La reconstruction du Donbass est, elle, encore plus incertaine puisque le gouvernement a promis de se tourner vers des donateurs étrangers afin de récolter des fonds cet automne. »

La semaine dernière, l’ambassadeur d’Ukraine au Canada, Vadym Prystaiko, a fait cet aveu extraordinaire au Globe and Mail, « Nous injectons tout l’argent de notre budget…dans la campagne d’anti-terrorisme. »

De manière scandaleuse, la guerre ne fait absolument aucun cas de l’enquête internationale portant sur la tragédie du vol Malaysia Airlines MH17. Le 27 juillet et les jours suivants, les bombardements continus et autres pilonnages d’artillerie de l’armée ukrainienne dans la région ont empêché les enquêteurs de se rendre sur le site.

Comme les médias internationaux s’en sont fait l’écho, les inspecteurs sont logés dans des hôtels de Donetsk et traversent sans difficultés les lignes d’autodéfense pour accéder au site. Mais au fil des jours, ces mêmes médias ont imputé le blocage à des « combats » et « échanges de tirs ».

Le 30 juillet, la propagande de Kiev a commencé à prétendre que les combattants rebelles avaient placé des mines sur le site du crash et le bombardaient. Une histoire qui a disparu dès le lendemain lorsque, dans des circonstances inexpliquées, les inspecteurs ont finalement rejoint le site.

La sinistre réalité de la campagne militaire de Kiev dans l’est de l’Ukraine a été escamotée par les grands médias. Aucune image, ou presque, des bombardements et autres crimes de guerre ne passe les filtres éditoriaux. La guerre et ses conséquences ne sont expliquées qu’avec des mots vides de sens comme « combats » ou « échanges de tirs ». Tanya Talaga du Toronto Star commence son article du 30 juillet par : « L’Union européenne et les pays occidentaux se sont mis d’accord [le 29 juillet] pour tenter de forcer le président russe, Vladimir Poutine, à arrêter son agression militaire en Ukraine…» (Dans le même numéro, le Toronto Star publiait un décompte exact des villes et villages bombardés).

L’Union européenne complète l’offensive de l’armée ukrainienne en aggravant ses sanctions économiques contre la Russie. Ces sanctions sont une punition infligée à la Russie, pour son refus d’obéir aux États-Unis et à l’UE qui exigaient qu’elle contrôle les mouvements pro-autonomistes dans l’est de l’Ukraine et les oblige à se rendre. Les sanctions participent à la volonté de longue date des pays membres de l’OTAN d’affaiblir et d’isoler la Russie.

L’essor du mouvement anti-guerre en Ukraine a des conséquences profondes pour l’avenir du pays. Les contestations arrêteront-elles la guerre menée par Kiev avant que le sud-est de l’Ukraine ne soit plus qu’un champ de ruines ? Qu’ils viennent d’Ukraine ou du reste du monde, ces mouvements de protestation réussiront-ils à faire réfléchir des stratèges de l’OTAN qui ont de plus en plus la Russie dans leur ligne de mire ?

L’élite économique ukrainienne a pris un virage très serré et a accueilli à bras ouverts l’Europe de l’austérité. C’est cette austérité, dont les conséquences ont ravagé la Grèce et d’autres pays d’Europe du Sud, qui attend le peuple ukrainien. Comment les manifestants anti-guerre et les Ukrainiens ordinaires réagiront-ils alors que le gouvernement poursuit sa politique impopulaire de coupes dans les programmes sociaux et réduit les subventions qui abaissent le prix des produits de première nécessité ?

Partout dans le monde, il faut qu’il y ait des manifestations pour faire cesser les faiseurs de guerre dans le sud-est de l’Ukraine. Des actions de solidarité peuvent arrêter les tueries. Elles peuvent aussi aider les Ukrainiens à choisir une nouvelle voie de développement économique et social. Ce ne serait que justice, puisqu’au tout début, c’était bel et bien un refus de l’austérité qui était au coeur de la rebellion dans l’est de l’Ukraine.

Une nouvelle compilation vidéo de 80 minutes, Ukraine Crisis, vient d’être réalisée et constitue un témoignage puissant de la guerre dans l’est de l’Ukraine au cours du mois dernier. Certaines séquences montrant des morts et des destructions causées par les bombardements du gouvernement de Kiev sont très dures, particulièrement celles entre les minutes 4 et 6. Le témoignage de cette femme qui parle pendant cinq minutes à 1’17″30 est particulièrement juste et bouleversant. Elle n’a aucune nouvelle de son fils parti à la guerre depuis mars, et se demande s’il est encore en vie. Elle pose la question: « Qu’est devenue la nation ukrainienne ?»

Cet article est partiellement inspiré d’un article du 28 juillet 2014 publié sur le site russe Rabkor (La correspondance des travailleurs), traduit en anglais par Renfrey Clarke.

Notes :

[1] L’Ukraine est divisée en 25 régions : 24 oblasts (provinces) et la capitale Kiev, au statut spécial. Deux anciens oblasts, Donetsk et Luhansk, ont voté en mai pour l’autonomie. La férocité de la guerre conduite par Kiev les mène à une sécession de fait.

Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr 

Source : http://www.les-crises.fr/les-manifestations-anti-guerre-se-multiplient-en-ukraine-tandis-que-le-gouvernement-mene-une-guerre-a-tout-va-dans-le-sud-est-et-que-lotan-menace-la-russie-par-roger-annis/