Le 17 septembre le gouvernement équatorien a lancé la campagne internationale appelée « La main sale de Chevron » afin de mettre en évidence, aux yeux de la communauté internationale, les dégâts causés par la compagnie pétrolière pendant les 20 années d’exploitation de la zone nord de l’Amazonie équatorienne. Pressenza propose à ses lecteurs un rappel chronologique du conflit permettant de situer le contexte de cette campagne.

Pendant plus de 20 ans, l’entreprise nord-américaine Texaco a maintenu avec l’État équatorien un contrat d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures. Au cours de cette période, Texaco (qui fusionnera ensuite avec Chevron) a extrait 1,5 milliards de barils de pétrole et a déversé 84 milliards de litres de déchets et de résidus dans toute la zone où elle a mené son action extractive. Par ailleurs, les actions de réparation se sont avérées totalement contre-productives et insuffisantes.

Ce contrat d’exploitation a pris fin en 1992, et à son terme, le gouvernement de l’époque, présidé par Sixto Durán Ballén, avait dégagé la compagnie de ses responsabilités environnementales relatives à ses obligations avec l’État mais pas de ses responsabilités envers les tiers.

Dès 1993, certains habitants de la zone en question ont cherché à engager des procédures contre la compagnie pétrolière dans différentes villes des États-Unis. Après dix ans passés devant les tribunaux nord-américains et suite à l’intervention de ladite compagnie pétrolière cherchant à mettre fin aux procédures engagées sur le territoire nord-américain, la justice nord-américaine a décidé que la décision devrait être prise par la justice équatorienne.

À partir de 2004, dans le procès connu sous le nom de « Lago Agrio », Chevron-Texaco a été poursuivie en justice par 5 communautés indigènes, 80 communes et plus de 30 000 personnes adhérant au collectif « Afectados por Texaco ». En 2011, le juge responsable de cette affaire a condamné Chevron à verser 8 milliards de dollars, montant pouvant être doublé si l’a compagnie ne présentait pas d’excuses. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève donc à 19 milliards de dollars.

Depuis cette sentence, Chevron-Texaco a tenté le recours à tout type de procédure : appel devant la justice équatorienne lors duquel la sentence a été ratifiée, campagne internationale actuelle de discréditation et de pression sur l’État équatorien, prétention d’impliquer l’Équateur dans un litige entre deux sujets particuliers (Chevron-Texaco et les populations amazoniennes), appel devant la justice nord-américaine avec la prétention d’ « endosser » le paiement de l’indemnisation de l’État…

Face à l’échec des actions précédentes, l’entreprise a déposé une réclamation devant le tribunal arbitral, se protégeant ainsi grâce aux traités bilatéraux d’investissement signés entre l’Équateur et les États-Unis en 1997 et tentant de le rendre rétroactif. Chose « surprenante », le tribunal arbitral s’est déclaré compétent pour traiter cette controverse et a indiqué « que l’Équateur a failli à ses ordres de mesures provisoires puisqu’il n’a pas empêché l’exécution et la reconnaissance de la sentence ».

Le président Rafael Correa a clairement affirmé que l’État équatorien, dans son acte de corruption et de « trahison », a affirmé que réparation avait été faite mais que « les communautés amazoniennes qui ont été polluées sont en droit de demander à ce que justice soit faite ».

« Nous faisons le choix de nous battre. Les adversaires s’en prennent à notre peuple et nous devons donc lutter. Chevron a tenté de détruire notre pays et nous le défendrons quoi qu’il advienne », a précisé le président Correa dans une interview accordée aujourd’hui à GAMA TV.

Sources : www.accionecologica.org,http://rsechile.wordpress.com, http://www.presidencia.gob.ec

Traduction de l’espagnol : Marion Grandin