L’impossible procès est une pièce de théâtre sur le thème du nucléaire et qui se joue actuellement du 15 au 21 juillet, à 16h30, au Grand Théâtre (salle polyvalente) de Montfavet (quartier de la commune situé à quelques kilomètres de l’agglomération avignonnaise).

Le thème semble avoir fait réagir  la mairie d’Avignon qui a averti qu’en cas de débordements elle demanderait l’annulation de la représentation. Pour peu ce serait l’Impossible représentation!

Il est vrai que ce n’est pas facile d’arriver au Grand Théâtre. Ceux qui n’ont pas de voitures peuvent toujours prendre la ligne 4 et des bus de la ville d’Avignon.  Pour ceux qui arrivent en voiture, il vaut mieux prendre ses dispositions une demi-heure avant car on cherche longtemps le parking même si le fléchage a été amélioré depuis la première, lundi 15 juillet!

Heureusement, pour cette seconde journée, ils sont une vingtaine à avoir réussi à passer les épreuves et à assister à la représentation . Nous passons de la torpeur solaire avec cigalons et cigales, à la pénombre d’une salle climatisée.
Au centre, le Président de séance (Patrick Gay-Bellile), le Procureur (Véronique Pilia) se tiendra côté jardin et l’Avocat de la défense (Jean-Louis Debard), côté cour.

« Nous sommes bien évidemment devant un tribunal, celui du Peuple de France, contre l’institution nucléaire, représentée par le prévenu, un Haut-fonctionnaire (Bruno Boussagol), nous apprendra la narratrice (Noémi Ladouce). Cette fiction raconte un très probable accident, où un avion de ligne heurterait un réacteur nucléaire proche d’une grande agglomération française.

Les éléments du dossier nous effondrent: Le PPI, plan personnel d’intervention, ne tient compte ni de la concentration de la population ni de l’impossible accès aux secours et encore moins de l’évacuation des lieux.

Pour se protéger les habitants disposent d’une pastille d’iode pour 60 personnes. C’est l’armée qui dans ce cas est chargée de la sécurité, sans aucun moyen. Elle reçoit l’ordre de se rendre sur zone irradiée…et ce au  péril de leur vie des hommes qui n’ont aucune chance de survie, comme nous le savons depuis l’accident de Tchernobyl. Les victimes voient leur bétail abattu, leur entourage mourir dans d’atroces souffrances et remplissent des dossiers de 258 pages pour obtenir de maigres droits d’indemnisation.

Marinette Minne dans le rôle du témoin d’Areva, montre le consternant déni de réalité des institutions nucléocrates. Dans le rôle d’un témoin, Jean Pierre Minne révèle la désespérance des populations assistant au suicide de leurs amis.

Tout est sobre dans cette pièce. Le discours et le ton relève des attendues d’un tribunal. Le rôle du Procureur dramatise l’action par ses jugements et ses excès de langages. Le quiz du sottisier des partisans du nucléaire laisse dans le public un rire amer. Le noir se fait au bout d’une heure et demi de plaidoirie sur le rire diabolique du Prévenu, convaincu de l’invulnérabilité de la science qu’il défend, en dépit des millions de victimes pour les siècles à venir.

Dans la seconde partie, les témoins viennent à la barre dirent ce qu’ils savent du nucléaire dans la région. Il pourrait tout aussi bien y avoir un conducteur de chez Areva. Aujourd’hui ce sont des australiens qui ont expliqué devant une salle médusée comment le plus grand désert du monde doit fournir 32 millions de litres d’eau par jour, pour l’extraction du plutonium à Olympic Dam, seul site nucléaire du pays.
Ils ont dit que l’action des militants anti-nucléaire a fait capoter plusieurs projets nationaux et internationaux d’enfouissements et de stockage des déchets, lesquels sont transférés à la Hague. Areva a obtenu en cinq ans, 120 licences d’exploration en Australie, pour intervenir dans les territoires aborigènes, polluant ainsi des terres ancestrales, nourricières, et détruisant les sites sacrés.  »

Nous sommes loin de l’ambiance de divertissement superficiel à prétention culturelle du « In » et du « Off ».
Ici, nous sommes au théâtre. A 50km de là, la centrale du Tricastin était investie par des militants de Greenpeace hier matin, ce qui laissait un peu dans l’ombre l’autre action non concertée: Celle des marcheurs anti-nucléaire. La région connait depuis l’année dernière, de nombreuses actions du CAN84 (comité pour l’Abolition du nucléaire), du réseau Sortir du Nucléaire, de Green Peace, Acdn, Stop Tricastin…

« Même les Verts plutôt roses peu engagés dans la sortie inconditionnelle du nucléaire, civile et militaire, ont souhaité écrire une postface au texte de la pièce, publiée par ABC’Éditions …le jour même de la sortie avignonnaise du spectacle… qui a déjà connu, une tournée de plus de 30 représentations depuis novembre 2012. Une programmation est prévue à Grenoble, des frémissements se font déjà sentir du côté de Marseille……« nous confie un des acteurs en sortant.

Nous ne savons pas si le monde est promis à une longue et heureuse vie mais hélas,la lutte des nucléocrates et des anti-nucleaires est vouée à durer longtemps.

Autres liens:

http://www.brut-de-beton.net/actus.php?lien=1#ImpossibleProcesDebut

http://www.actualitte.com/theatre/avignon-une-piece-anti-nucleaire-menacee-de-deprogrammation-43870.htm