Après 84 jours consécutifs, 171 associations et plus de 167 469 étudiants sont toujours en grève générale illimitée ..

Après 180 manifestations pacifiques et sans violence ..

Après une manifestation monstre de 200,000 personnes le 22 mars au Centre-Ville de Montréal ..

Après 419 arrestations à Montréal ..

Après 150 arrestations à Gatineau ..

Après 100 arrestations à Québec ..

Après 276 infractions à des règlements municipaux et 155 infractions criminelles ..

Après 400 interventions médicales, lors des confrontations entre l’équipe tactique anti-émeute de la sûreté du Québec et les étudiants (congrès du Parti Libéral du Québec vendredi le 4 mai). 200 personnes ont dû être traitées à cause d’importante quantité de gaz lacrymogène; 12 étudiants et policiers ont été blessés ; 2 étudiants ont été gravement blessés ; 1 étudiant ayant perdu un oeil, un autre souffre d’une importante fracture faciale ..

Après 80 jours de mépris envers les étudiants, vendredi le 4 mai, le gouvernement libéral invite les fédérations étudiantes FECQ (cégeps), la FEUQ (universités) et le mouvement étudiant la CLASSE à la table des négociations ..

Après 22 heures de négociations, la ministre de l’éducation annonce qu’une entente de principe est signée entre le gouvernement, les fédérations étudiantes et le mouvement étudiant la CLASSE ..

Après 24 heures, les représentants des fédérations étudiantes et la CLASSE expliquent devant les médias nationaux que l’entente ne contient pas tous les éléments ayant été débattus en négociations. Ils sont déçus du jeu politique du gouvernement et souhaitent des modifications à l’entente ..

Après avoir pris connaissance de l’entente, 35,000 étudiants et cégépiens au sein d’une vingtaine associations étudiantes rejettent massivement l’entente de principe conclue avec le gouvernement ..

Après de nombreuses menaces, perte de cours, annulation de sessions, de dîplomes, ils résistent toujours!

En effet, pour les étudiants l’entente ne propose rien de nouveau. Même si celle-ci inclut la possibilité de revoir le financement des universités afin d’en dégager des fonds pour réduire les droits de scolarité. Mais, selon les spécialistes du financement public des universités, c’est de la poudre aux yeux! Les universités du Québec sont simplement sous-financées et ce depuis trop longtemps.

Depuis deux décennies, tous les gouvernements qui se sont succédés à Québec ont choisi de ne pas réinvestir dans les universités, pire encore certains gouvernements ont diminué les subventions de 25%. Pourtant, les générations actuellement au pouvoir savent que si elles ont obtenu le «droit aux études supérieures» c’est grâce aux efforts des anciennes générations qui au cours de la révolution tranquille (1960-66) ont misé sur l’accessibilité pour tous les québécois à l’éducation supérieure. Aujourd’hui, le gouvernement choisi de refiler la facture aux générations nouvelles tout en continuant à suivre les diktats d’une pensée économique relevant d’un modèle épuisé par la corruption et la collusion. Il n’est pas étonnant que les nouvelles générations ne veulent pas payer pour les «choix» des gouvernements actuels et des précédents.

Nous avons vu au cours des derniers mois et des dernières semaines que dans cette situation changeante, aussi bien les dirigeants traditionnels que leurs «formateurs d’opinion», que les militants politiques et sociaux d’un autre moment historique ne sont plus les références.

Le mouvement étudiant du Québec en convergence au mouvement environnemental et social représentent l’espoir de dénouer le futur collectif de tous les québécois.

Les jeunes ont montré plus d’une fois dans ce conflit, leur courage, leur créativité et leur détermination face à un système déshumanisé. Malgré l’échec «apparente» des négociations du weekend dernier, les étudiants poursuivent leurs luttes avec des moyens de pressions pacifiques.

«Nous avons échoué et nous continuerons d’échouer mille et une fois encore car nous chevauchons les ailes d’un oiseau appelé «tentative», qui vole par dessus les frustrations, les faiblesses et les petitesses. C’est la foi en notre destin, c’est la foi en la justice de notre action qui anime notre vol. C’est la tentative qui vaut la peine de vivre car elle est la continuité des meilleurs aspirations des gens de bonté qui nous ont précédés. C’est la tentative qui vaut la peine car elle est le précédant des futures générations qui transformeront le monde» . (Silo, À ciel Ouvert, Éditions Références Paris, p. 7, 2007)

Les acronymes:
FECQ : Fédération étudiante collègiales du Québec
FEUQ : Fédération étudiante universitaire du Québec
CLASSE : Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante